Culture Publié le 11.02.2022

Tic tac, tic tac…

stark bollock naked

Avec Stark bollock naked, Larisa Faber est de retour pour présenter son interprétation de l’horloge biologique. 

Développée dans le cadre de la résidence de Larisa à neimënster, cette création féministe, jouée en anglais, aborde les pressions actuelles de la vie d’une femme dans la société d’aujourd’hui et la lutte contre les notions préconçues et essentialistes de la féminité et de la maternité. 

Introduction

Larisa Faber est une comédienne, metteuse en scène et écrivaine luxembourgeoise. Elle travaille dans des domaines très variés, allant de sa performance dans la série Capitani, à la création de pièces de théâtre engagées. Larisa Faber se base sur son expérience personnelle pour créer des moments émouvants qui permettent une identification facile. L’originalité de son travail nous tient en haleine, attendant avec impatience de voir ce que sa nouvelle création aura à dire de ce monde dans lequel nous vivons.

Écrite pour toutes celles qui doivent faire face aux attentes liées à la maternité de la société, la pièce est inspirée de sa propre lutte contre les pressions de l’horloge biologique. On y retrouve la force et la sensibilité de Larisa Faber et de toutes les femmes. Les attentes de la société créent certaines catégories pour les femmes à certains moments de leur vie, mais nous oublions souvent que ces attentes ont également un impact sur la santé mentale et l’identité des personnes. Pourquoi l’identité féminine est-elle constamment associée à la procréation ? Comment pouvons-nous déconstruire cela ? Et comment arriver à un point où être une femme n’implique pas automatiquement être une mère ?

Le saviez-vous ?

Pour l’artiste, tout art est politique. Ce n’est peut-être pas toujours au cœur de ses projets, mais c’est un facteur constant. Influencée par son engagement en faveur de plus d’égalité dans la représentation des femmes dans l’art, Larisa Faber explore ce sujet à travers une performance qui brise les tabous. Cette initiative est une réponse à la représentation réductrice des femmes dans l’art. Elle veut « dépasser le complexe mère, sainte ou putain et offrir une alternative à la représentation féminine ». Afin de pousser le public à sortir de sa zone de confort, Larisa Faber projette différentes images sur son corps complètement dénudé. Le corps féminin est souvent réduit à l’état d’objet dans l’histoire de l’art, et ici Larisa Faber inverse cette intention. Elle utilise son corps comme un objet de projection pour remettre en question la raison même de l’objectivation des femmes.

Larisa Faber est née dans une famille d’immigrés roumains. La tradition de raconter des histoires a immigré avec la famille une fois installée au Luxembourg. Ces histoires se mélaient à un humour « bizarre », un moyen efficace de faire face aux dures conditions de vie sous la dictature communiste de l’époque. L’artiste a incorporé cette tradition dans son œuvre en incluant l’excentricité comme un aspect sophistiqué et nécessaire de la pièce. L’humour « bizarre » est une des caractéristiques fondamentales de sa pièce stark bollock naked.

Le titre de la pièce est une description au pied de la lettre du concept de l’artiste. On remarquera que le mot central, « bollock », est un mot familier et grossier pour désigner une sottise, il provient généralement d’un vocabulaire dit masculin. Le fait de barrer volontairement ce mot dans le titre est un clin d’œil d’un rejet du regard masculin par l’artiste féministe. Elle veut susciter une réflexion honnête, nécessaire pour discuter des subtilités sociales et des pressions sociales autour de cette « horloge biologique ». Cette réflexion ne peut avoir lieu que si les voix des femmes sont entendues et placées au premier plan.

Two Women Show

La pièce est composée de deux performances artistiques : l’une est un monologue provocateur et émotionnel de Larisa Faber et l’autre est une performance live de Catherine Kontz accompagnée d’instruments inventifs. Il s’agit d’un dialogue entre la vision de Larisa Faber et une partition musicale composée par Catherine Kontz. Cette dernière est une prestigieuse compositrice de musique multidisciplinaire luxembourgeoise qui travaille principalement dans les domaines de l’opéra et du théâtre. Larisa Faber lui a demandé de créer et d’interpréter une composition légèrement inhabituelle en utilisant un orchestre d’instruments gynécologiques.

Une résidence enrichissante

La résidence à neimënster a permis à Larisa Faber de réfléchir à des questions qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’aborder auparavant. Cela lui a permis de créer plus de substance à son texte et de conceptualiser une fin plus enrichissante pour le public. Au départ, l’objectif principal de la pièce était de produire une conversation philosophique sur l’horloge biologique. Cependant, après une résidence prolongée en raison de la pandémie, Larisa Faber a changé de voie : partager une histoire centrée sur le personnage. Elle veut montrer les défis rencontrés par la protagoniste, comment ces difficultés ont affecté sa santé mentale et ce qu’elle fait pour y faire face.

Identité = féministe

La résidence a également poussé Larisa Faber à ajouter une autre dimension à la pièce en montrant le travail de dix artistes féminines et non binaires toutes liées d’une manière ou d’une autre au Luxembourg. Pour l’artiste, cet ajout inédit offre la perspective dont la pièce avait besoin. Pour s’opposer à une représentation majoritairement patriarcale des femmes dans l’art, ces œuvres créatives donnent un aperçu d’un monde où les hommes n’ont plus le seul regard disponible et où le féminisme fait partie de tout processus créatif. Selon ses propres mots : « La seule identité que j’ai toujours revendiquée pour moi-même est mon identité féministe ».

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