Dans les rues d’une mégapole africaine, les mobylettes, automobiles, charrettes, motos, cris des marchands et d’animaux composent une symphonie permanente. Dans ce capharnaüm acoustique vit SOLEDAD, une jeune femme d’une vingtaine d’années. Enrôlée de force enfant, elle a fui la guerre. Le jour, elle transforme les sons de la ville en chants célestes, la nuit en mélodies sombres des bruits de la guerre. Car Soledad est douée d’une ouïe exceptionnelle. On raconte qu’elle chantait dans le ventre de sa mère. Elle ne se souvient plus de sa mère. La guerre lui a confisqué sa mémoire. Elle ne se souvient plus depuis quand la rue est sa demeure, la poissonnière sa tante, le cafetier son oncle. Convoqués par son chant, les souvenirs déferlent tels des éclats d’images de son enfance meurtrie : la vie au village avec sa mère, les sons et les odeurs de la ville, un vieillard jouant de curieux instruments. Puis un trou noir. Des explosions, des maisons en feu, des cris d’enfants, des visages hagards, des enfants-soldats tirant sur la foule, des cadavres. Transformant les bruits de la ville en musique, Soledad raconte sa terrible histoire d’enfant-soldat. De cette existence est née l’Enfant-Musique.